Les 111 commandements de l’austérité

Selon le nouveau budget en discussion, Réseau Canopé devrait supprimer 111 postes supplémentaires en 2026 !

Les 111 commandements de l’austérité
Photo by Igor Omilaev / Unsplash

La crise politique actuelle semble sans fin, renforçant la crise de confiance dans les institutions et la démocratie.

Passage en force sur la réforme des retraites, mépris pour les mobilisations, promulgation de la loi Duplomb contre une immense mobilisation citoyenne, absence de réponses aux mobilisations des dernières semaines contre l’austérité, répression policière des manifestations… Emmanuel Macron, par une pratique verticale du pouvoir, en est entièrement responsable.

Et ce n’est pas le nouveau budget de super-austérité qui va changer la donne : celui-ci nous touche directement avec l’injonction de « rendre » 111 postes en 2026 !

Face à cette annonce, la direction de Canopé en est restée comme deux ronds de flan : « Qui aurait pu prédire ? ». Eh bien, l’intersyndicale FSU-CGT-SGEN peut-être ?

Malgré les alertes lancées depuis des mois et des mois, qui nous ont valu d’être taxé·es de catastrophistes, de ne pas soutenir notre direction ni notre ministère de tutelle, le couperet tombe.

Mais de quelle naïveté, de quelle incompétence ou de quel cynisme (ou les trois) fallait-il faire preuve pour espérer mieux de la part d’un tel gouvernement ? La liste des coups portés aux services publics serait trop longue à établir, mais rappelons cependant que dans ce projet de budget, l’Éducation nationale supprimerait 4600 postes d'enseignants. Et « en même temps », pensons aux 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises en 2023 sans aucune contrepartie, dont une part majeure pour des grandes entreprises qui génèrent des tonnes de dividendes.

La direction générale de Réseau Canopé a ainsi gobé les promesses des récents gouvernements, pourtant champions du mensonge et de la casse des services publics.

Le constat est sévère pour l’établissement déjà exsangue : cette annonce signe forcément une nouvelle restructuration (et pas une nouvelle fausse “transfo” comme celle que nous venons de subir), nous ne pourrons pas garder la même organisation avec 111 emplois en moins.

Et dans quel supposé « gras » faudrait-il tailler ? Les DT, via leurs Ateliers ou les services administratifs et financiers ont déjà payé au prix fort les dernières attaques subies : budgets réduits, manque de personnels, réduction des surfaces et déménagements forcés, etc. Quand il n’y aura plus que du vide à gérer, que restera-t-il de l’opérateur ?

 

Si nous n’avons pas la capacité de changer cette décision de budget avec nos seules forces canopiennes, nous pouvons malgré tout agir.

Nous proposons de commencer par rendre les postes « à responsabilité », les chef·fes des chef·fes des chef·fes, bien identifiés dans la fonction publique et dont les tâches consistent :

  • à passer leur temps dans des réunions aussi nombreuses que variées ;
  • à surveiller ;
  • à instaurer un contrôle disciplinaire ;
  • à nous expliquer comment faire plus avec moins ;
  • à ne pas ou à mal mener à bien leur rôle de coordination ;
  • à trouver du travail aux autres pour justifier le leur (les tristement célèbres « taskmasters » !).

L’établissement devrait survivre à leur absence.

 

Cette demande concrète de sources substantielles d’économies et de lutte contre le paternalisme et le néo-management libéral s’accompagne d’une seconde demande : requérir un arrêté officiel de restructuration pour l’établissement, ce que toute direction conséquente devrait immédiatement réaliser après l’ordre de supprimer 111 postes.

 

Forte de la confiance des personnels et du soutien de l’opinion publique, forte aussi de son implantation dans des secteurs clefs des services publics, la FSU entend assumer toutes ses responsabilités dans la séquence de crise politique et institutionnelle pour faire valoir les intérêts du monde du travail. Nous nous engageons pour porter des alternatives de justice et de progrès social partout sur les lieux de travail comme dans des initiatives publiques.

Nous appelons chaque collègue à s’engager pour :

  • faire la démonstration de la nécessité de services publics forts, capables de répondre aux défis des besoins de la population, d’une protection sociale de haut niveau, d’une juste rémunération du travail ;
  • convaincre que d’autres choix de financement sont possibles par un autre partage des richesses, la fin des cadeaux fiscaux aux plus riches et une réforme fiscale juste et solidaire ;
  • prendre des initiatives pour construire des mobilisations dans des cadres intersyndicaux larges et rassembleurs et avec les autres forces du mouvement social, associatif et citoyen ;
  • dénoncer et déconstruire l’imposture du discours d’extrême droite qui, en plus d’un racisme largement ancré, se développe sur la misère, le sentiment d’abandon et d’injustice. Cette extrême droite qui nous avait habitués à renverser l’échiquier mais qui manœuvre désormais habilement pour y placer ses pions ;
  • peser pour que s’imposent des alternatives politiques capables de répondre aux aspirations du monde du travail, de préserver l’État de droit et les libertés fondamentales.

 

Enfin, pour cela, nous nous adressons à l’ensemble de ses partenaires pour construire ces dynamiques dans l’unité.

 

Restons solidaires et mobilisé·es

AVEC VOUS, ENSEMBLE et COLLECTIVEMENT nous continuerons à lutter pour Réseau Canopé, nous œuvrerons pour réorienter les choix, dans l’intérêt de l’école, de la formation et de la société.

VOTRE EXPRESSION COMPTE : n’hésitez pas à nous contacter pour partager vos situations, réflexions, inquiétudes et questionnements

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